Author Archives: Michel

Supply chain = chaîne logistique ou chaîne d’approvisionnement ?

 

Si le débat ne fait pas rage en France tant le terme «supply chain » est couramment utilisé, la question mérite néanmoins d’être posée.

De fait, certaines organisations caritatives comme USAid (plus de 5 milliards de financement prévus dans la prochaine décade) traduisent supply chain par chaîne d’approvisionnement. Si je vous dis qu’ils traduisent le « two-bin system » par le « système à deux pools » (sic) vous pourriez douter de la compétence en supply chain de ses traducteurs . Mais si je vous dis aussi que leur terminologie est introduite et diffusée dans toute l’Afrique francophone, ne faut-il pas commencer à s’inquiéter ?

Le vent va-t-il tourner ? C’est ce que l’on peut espérer en apprenant qu’une association anglaise de plus de 100 000 membres, le CIPS,  vient de voter le changement de son nom. Il  ne s’appellera plus le Chartered Institute of Purchasing and Supply mais (si Her Majesty Privy Council  l’approuve !) Chartered Institute of Procurement and Supply.

Avec ce changement, le CIPS positionne très clairement les deux termes : procurement  qui se réfère à l’approvisionnement lequel fait suite à une décision d’achat et supply qui se réfère à la distribution ou à la fourniture qui fait suite à une commande ou à un ordre de livraison.

Ce serait donc une erreur de traduire « supply chain » par « chaîne d’approvisionnement ». Vous pourriez certes m’objecter que le terme supply chain est lui-même contestable puisqu’il se réfèrerait plutôt à la livraison des produits. Mais il faut reconnaître qu’il est tellement bien installé et, comme en outre il fut  créé en Europe – par le Président de Philips dans les années 80 – il n’est pas donc pas question de le remettre en cause.

Alors, supply chain =  chaîne logistique ? C’est en tout cas le choix que je propose et pour éviter des discussions byzantines je leur donnerais la même définition, le même objet, le même domaine. Et c’est ce que j’ai fait en traduisant, pour le compte de l’APICS, son étude fort documentée sur le modèle de compétence des directeurs de chaîne logistique.

Les compétences du Supply Chain Manager

Ce thème est l’un des marronniers de la supply chain. En effet, depuis des décades, il ne se passe pas d’année sans que nous puissions lire un article plus ou moins complet sur les compétences en chaîne logistique. C’est pourquoi  l’APICS, l’association de référence mondiale en Supply Chain Management, lança une étude approfondie et publia « Supply Chain Manager Competency Model ».   Apparemment confiante en mes qualités de traducteur, elle me proposa de réaliser la version française. Ce document de 14 pages est en accès libre et vous pouvez le retrouver ici.

Un S&OP pour les chefs ?

MelNelsonEt toujours le S&OP

 Il y a déjà 8 ans, dans l’une de ses premières Newsletters,  Supply Chain Magazine relatait la conférence que Tom Wallace, le « gourou » du plan Industriel et Commercial (S&OP) avait voulu venir présenter en  France malgré ses difficultés de locomotion. Les 180 participants avaient aussi apprécié la présentation très originale de Jean-Pierre Delattre  sur le S&OP au Développement chez Michelin.

La semaine dernière, c’est Mel NELSON, CFPIM, CIRM, CSCP,  qui reprenait le flambeau. Lors de formations organisées par MGCM à Genève et à Nanterre, il venait, chiffres à l’appui, confirmer l’impérieuse nécessité non seulement de mettre en place un S&OP, mais surtout d’y impliquer la Direction Générale avec la mise  en place d’un Executive S&OP. Il citait comme exemple  d’implication de la Direction Générale la planification un an à l’avance des Executive S&OP meetings mensuels.  Lorsqu’il apprit que, 17 ans plus tôt, SNR avait déjà mis en place cette procédure, notre Californien dut convenir que les non-américains étaient aussi capables d’innovation. Mais nous fûmes aussi d’accord qu’il s’agissait  probablement d’un cas unique encore loin d’être la norme de nos jours.

Préalable aux actions d’amélioration, qu’elles s’appellent Lean, Black Belt,  TQM, JIT ou autres, le S&OP reste la priorité N°1.

 

 CS&OPUne certification en S&OP ?

 C’est le pari que se sont lancés Tom Wallace, Mel et Sue Nelson avec l’IOWA State University. Avec  succès puisqu’en moins de 18 mois  plus de 1000 professionnels provenant  d’une dizaine de pays auraient été « Certified in Sales and Operations Planning » : CS&OP par le S&OP Institute  www.sopinstitute.com .  Avec le premier certifié des pays non anglophones, la France fut encore en pointe pour tester cette certification, en évaluer le niveau de difficulté, valider son contenu et le proposer aux professionnels.

L’examen consiste en 120 questions à choix multiple auxquelles  il faut répondre en 2h30 avec un taux de réussite égal ou supérieur à 70%. Originalité : il peut être passé chez soi sur son propre PC muni d’une connexion internet  et  d’une caméra. Celle-ci  permettra au « Proctor » de vérifier qu’il n’y a personne sous votre bureau  pour vous souffler la bonne réponse. Maintenant rodé à au système d’exploitation en Français, il est à même de prendre le contrôle de votre PC et garantir l’intégrité de l’examen.

Cette certification s’adresse aux  professionnels qui mettent en place des S&OP, aux consultants qui veulent valider leurs connaissances et à tous ceux qui souhaitent obtenir une vision d’ensemble des systèmes de planification. Quant à la formation proprement dite, beaucoup de dirigeants pourraient comprendre pourquoi et comment ils doivent s’impliquer dans la mise en place du S&OP.

 tom wallace Et maintenant un mini-S&OP ?

Mini-S&OP, c’est, en anglais,  une appellation qui pourrait  nous faire croire qu’il s‘agit d’un S&OP du pauvre. Bien au contraire, il faudrait plutôt parler d’un « contingency S&OP » que nous devons encore à Tom Wallace après l’Executive S&OP.  En effet, l’existence d’un mini-S&OP suppose que l’entreprise ait déjà mis en place  un excellent « Executive S&OP » avec des meetings mensuels  et assure une planification de qualité.

Mais que se passe-t-il  lorsqu’un évènement grave se produit pendant le mois : un incendie chez un fournisseur, une grève sauvage, un blocus à une frontière, un tremblement de terre ? C’est là qu’il faut lancer immédiatement un mini-S&OP qui se limite aux conséquences de cet  évènement.  Il peut porter sur une famille de produits, sur une ressource critique et d’une façon générale sur la cause de la perturbation.

Avec ce mini-S&OP, la Direction  relance la procédure S&OP  de l’Exécutive meeting mais en l’accélérant pour que des décisions raisonnées soient prises dans les plus brefs délais.

Avec une telle nécessaire implication de la Direction, reconnaissons que nous somme bien loin d’un «mini»  S&OP !

 

News d’ici et d’ailleurs de juin 2014

Introduction

Je suis né le jour de la mobilisation générale (de la WW2) et  mes premiers souvenirs remontent à la fin de la guerre.

D’abord l’occupation avec les chicanes installées à l’entrée de notre petit bourg d’Augan (Morbihan) et mon chien mis en joue par une patrouille allemande pour fait de résistance (il aboyait !). Puis ce fut l’arrivée des Government Issues (les GI) des tanks, des jeeps (General Purpose) , des camions GMC (General Motors Corporation), des redoutés MPs (Military Police),  le premier film projeté sur le mur de la Poste, les chasseurs qui lançaient des pelotes de fin ruban argenté, que nous prenions pour des messages secrets, alors que plus prosaïquement ils cherchaient à brouiller les radars allemands,  les tranchées creusées loin du bourg car l’aciérie de Ploërmel venait d’être bombardée. Et surtout, le chouine gomme. Mon premier et seul mot en américain. j’ignorais que j’allais devoir en maîtriser beaucoup d’autres.

Nous pouvions penser que cette guerre effroyable était vraiment  la « der des der ». Mais, aujourd’hui, nous savons qu’il n‘en était rien. Car il en est apparu une autre, souvent invisible,  lourde de conséquences: la guerre économique qui s’accompagne de débarquements, d’invasions, de collaborations plus ou moins souhaitées et de retours au pays longtemps désirés. Dans ces News d’ici et d’ailleurs j’ai repris quelques un des thèmes qui accompagnèrent  la libération.  Vous me  pardonnerez, j’espère, cette licence !

 Un débarquement, surprise

CEO JDA

Après avoir tenu les rênes de JDA pendant 11 ans – sur les 20 qu’il y a passés – après avoir racheté I2 et Manugistics, en négociant la fusion de cet ensemble avec Red Prairie sous la houlette du fonds New Mountain CapitalHamish Brewer avait-il fait entrer le loup dans la bergerie ? A bridge too far ? Toujours est-il  que les actionnaires de  JDA, redevenue privée, en voulaient plus et plus vite et ont voulu « accélérer la stratégie de JDA »  pour la mettre à l’égal des Oracle et autres SAP. Débarquement surprise et un rude challenge pour le futur CEO dont la recherche est en cours. Amateurs de sièges éjectables, positionnez-vous ! 

 

 des collabos pas faciles !

barrières collaboLorsque nous recherchons une collaboration avec des clients, fournisseurs ou partenaires, nous savons qu’il faudra franchir beaucoup d’obstacles. Mais ce ne sont pas toujours ceux que nous imaginons. Dans une récente enquête faite auprès du User’s Club de JDA, le Demand Optimization Council devait classer les barrières à la collaboration dans la vente au détail. Il fallait noter ces barrières de 1 (la plus faible) à 7 (la plus forte). Assez curieusement ( ?) le problème était chez les autres. Etaient en cause les compétences  des partenaires avec une note de 2,4 alors que fabricants et distributeurs en s’attribuant une note de 4,6 ne doutaient pas de la leur (our skills). A votre avis, entre fabricants et détaillants lesquels étaient les plus prétentieux ? Un détail sans importance ?   

 

 Reshoring : Tie a yellow ribbon round the old oak tree

yellow ribbonLa ferveur patriotique a suscité nombre de chansons aux Etats Unis et, d’Iwo Jima au D Day en passant par Midway, encore plus de films de guerre. En France aussi, de la Marseillaise de Django Reinhardt à « Si les ricains n’étaient pas là » et « ne m’appelez plus jamais France » la ferveur patriotique est souvent présente : n’avons-nous pas inventé le chauvinisme ? Qu’en est-il de la ferveur économique ? Aux Etats Unis, elle grandit. Avec des associations comme reshorenow.org qui propose un comparateur de TCOs (coût total de possession), de nombreuses initiatives nationales ou régionales encouragent le rapatriement des produits et services.  Ainsi, face à des prix moins compétitifs, une baisse de qualité (de 10% il a fallu revenir à 100% de contrôle qualité à la réception) et retards de livraison, la californienne Karen Kane, vient de rapatrier 80% de ses vêtements, et pas seulement des ribbons, qu’elle avait délocalisés en Chine. Ce n’était même plus de la ferveur patriotique, du simple bon sens.

(*) Reshoring, Oops !

schneider transport.. lorsqu’il est mal compris. C’est ce qu’a appris à ses dépens Otis Elevator, une division de United Technologies. Encore peut-on parler de « reshoring » (dans le texte !) lorsqu’il s’agit de fermer deux usines américaines et une usine mexicaine pour tout fabriquer dans une usine flambant neuve à Florence (Caroline du Sud).  Et pourquoi pas aussi en profiter pour mettre en place un nouveau logiciel de Supply Chain Management avec toutes les installations qui vont avec et les à-côtés imaginables. Ce qui fut dit, ne fut pas fait et vous devinez déjà ce qui arriva.

Incapable d’absorber tous ces changements simultanés, l’usine de Florence accumula les retards de livraison à un point tel qu’il fallut faire tourner l’usine mexicaine 6 mois de plus, faire des heures sup, en veux-tu en voilà, embaucher des intérimaires et probablement soigner quelques dépressions de cadres taillables et corvéables à merci. Coût total de l’opération : $60 millions! Je me souviens avoir entendu qu’au Japon, dans un déménagement ou une extension, on ne changeait rien d’autre pour réduire au minimum les risques de démarrage. Chez Otis, on ne dit pas si des têtes tombèrent : un ascenseur pour l’échafaud ? Pour reprendre une déclaration du CFO (Directeur Financier) « We bit of more than we could chew ». Loosely translated « qui trop embrasse manque le train … du reshoring of course !

   10 000 robots dans une nouvelle guerre des titans ?

robamazonAprès que Google ait annoncé avoir acheté 7 entreprises de robotique, voici qu’Amazon annonce qu’il va ajouter 7000 robots dans ses entrepôts américains  d’ici la fin de l’année. Nous pouvons nous poser beaucoup de questions :

  • Ces robots vont-ils pouvoir tout faire dans l’entrepôt ?
  • Ne risque-t-on pas de voir les entrepôts amazoniens se dépeupler ?
  • Avec des taux horaires aussi élevés, ses 35 heures et son absence de flexibilité, la France ne serait-elle pas en première ligne lors de l’invasion de l’Europe par les robots ?

La réponse est heureusement loin d’être aussi tranchée :

  • si les robots savent bien déplacer les produits, ils sont moins à l’aise, et même pas à l’aise du tout, quand il faut trouver un seul article dans un casier multi-produits. Les « pickers » resteront humains.
  • avec des pointes de vente très fortes pendant les périodes de fête et un coût non négligeable, il n’est pas questions de voir un robot « de fête » se tourner les pouces – si l’on peut dire – les neuf ou dix autres mois.
  • En revanche, ils permettront de réduire la pénibilité du travail des préparateurs.
  • selon une porte-parole d’Amazon, malgré l’arrivée des robots, les effectifs resteront stables.

Au final, une invasion plutôt pacifique !

 (*) 83 millions : un débarquement en trompe-l’œil.

eiffelSi je vous disais que le métro est le site touristique le plus visité de France, vous douteriez de ma santé mentale.  Mais lorsque vous entendez que la France occupe la première place avec 83 millions de touristes, vous le prenez pour argent comptant. Et pourtant : – 15 millions d’entre eux ne font que transiter par Roissy, ou se dirigent vers l’Espagne ou vont simplement faire un petit tour à Eurodisney, – les Etats Unis (seconds) font un chiffre d’affaire de 150% supérieur à celui de la France, – l’Espagne, avec un PIB inférieur de 30% fait 10% de chiffre d’affaire en plus, – l’Allemagne encaisse 1240 € par visiteur contre 647 euros pour la France, – les recettes s’élèvent à 3% du PIB pour la Suisse, mais moins de 2,5% pour la France. Parlant de ce dernier pays, alors que nous voyons la Suisse comme une cash cow qui nous permettra de rapatrier  quelques milliards d’euros (un one shot), ne vaudrait-il mieux  pas aller y prendre quelques leçons pour mieux attirer, accueillir et faire revenir nos touristes et les milliards qu’ils seraient tout disposés à nous apporter. A la Grande Motte, en 1967, le général de Gaulle avait prononcé un grand discours en faveur de l’industrie du tourisme. Qu’en est-il aujourd’hui ?

photo (non retouchée) de Danielle Gavaud, devinez où ?

   Quand Schneider Electric entre en campagne !

schneiderAprès avoir réussi sa transformation en une entreprise mondiale avec ses centres de décisions répartis sur 3 continents, il était temps que Schneider Electric revoie sa Supply Chain avec la même vision. C’est ce qu’en l’espace de bientôt trois ans la très impressionnante Annette Clayton, EVP,  Supply Chain est en train de finaliser. Avec une Supply Chain capable de gérer ses 10 segments de clients, elle a créé 4 modèles de livraison différents pour répondre à leurs besoins. Et les résultats ne se sont pas fait attendre : des stocks qui passent de 92 à 81 jours (du matériel essentiellement professionnel), une performance de livraison qui s’est améliorée de 2 points, un million de $ récupéré sur des obsolètes, un indice de satisfaction qui augmente de 6 points en trois ans. Annette Clayton avait déjà réussi la transformation de la Supply Chain de Dell.

En route, pour une nouvelle campagne ?

 (*)  Autre Schneider, autre combat.

schneider transportLa bataille du pot de terre (les préparateurs) contre le pot de fer (Schneider le géant de la logistique) s’est terminée devant les tribunaux de Los Angeles. Heures non  payées ou à un taux plus bas, chaleur éprouvante, menaces de licenciement  s’ils portaient plainte, la goutte d’eau a fini par faire déborder le pot. Résultat de la Class Action les 1800 employés ont reçu en moyenne 12 000 $ en dédommagement. A ces 21 millions, on peut ajouter une précédente condamnation à près de 5 millions l’année précédente pour le même entrepôt.

Même si, avec près de 3 milliards d’euros  de chiffre d’affaire, Schneider saura supporter cette condamnation, qu’en sera-t-il de son image ?

 Code de conduite pour une route plus sûre.

code de conduiteDes 610 grandes entreprises cotées aux USA, 354, soit 58%,  ont signé un « code de conduite » avec leurs fournisseurs, une augmentation de 35% sur les chiffres de 2012. Si l’on ajoute que 47% d’entre elles prennent en compte le critère environnemental et sociétal dans leurs achats et que 33% (contre  27% en 2012)  demandent à leurs fournisseurs de mettre en place des indicateurs de performance environnementale, nul doute que la prise de conscience  va continuer à croître.  

Sans se garantir un chemin bordé de  roses – d’où l’impérieuse nécessité de mettre en place un management du risque performant –  ces entreprises sont déjà sur la bonne route.

   TARGET : CANADA, une mise en boîte mal venue

target canadaLorsque Target décide d’ouvrir trois centres de distribution au Canada, il imagine avoir tout balisé. Mais très vite, leurs étagères se vident d’une façon incompréhensible alors que le système central de Target estime qu’elles devraient être pleines. Un lancement catastrophique au Canada ! Le mystère s’éclaircit, lorsqu’il apparait que les boîtes supposées contenir 2 douzaines de produits n’en contenaient qu’une seule. Le nombre d’unités par carton introduit dans le système était différent de celui communiqué par le code-barres ! Il fallut envoyer de nombreux préparateurs et magasiniers américains pour redresser la situation. Et, à ce jour, Target ne serait pas sûr de connaître la cause exacte de cette erreur.

Quid  de l’inventaire tournant ? Et de son utilisation ?

  (*) Dur, dur de croquer la pomme !

apple gartnerLe Gartner Group a communiqué sur son classement des 20 meilleurs supply chains. Pour la 4ème année, c’est Apple qui arrive en tête. Avec les critères retenus, difficile de contester ce classement.  Mais quand on sait que l’un des critères est le taux de rotation des stocks, pur et dur, à votre avis, quelle sera la place de Schneider Electric avec ses 81 jours de couverture ? Quand un autre critère est le pourcentage de croissance du chiffre d’affaire, comment voulez-vous que des entreprises bien établies, travaillant dans le dur puissent faire jeu égal avec les entreprises du e-commerce. Quand on sait que 25% des points sont attribués par les experts de Gartner – au même niveau que le classement par les pairs –  la suite du classement : McDonald’s, Amazon.com, and Unilever  vient valider ces interrogations.

Annette CLAYTON (voir ci-dessus) serait-elle devenue nulle en passant de Dell (grand public) à Schneider Electric (professionnel) ?

Un classement de l’éphémère à l’époque du consumérisme ?

(*) brèves non présentes dans Supply Chain Magazine de Juin 2014

Du ROP au DDMRP

DU ROP à DDMRP, la boucle est-elle bouclée ?

Lorsqu’en 1962 j’entrai au Bureau d’Organisation Générale (BOG) de la Radiotechnique – une filiale de Philips- je pris très vite conscience que malgré mon diplôme de l’ISEN et celui de l’IEFSI (Institut d’Economie et de Formation Sociale pour Ingénieurs devenu depuis le MBA de l’EDHEC) je n’avais pas appris grand-chose d’utile pour ma future activité. Dans ce vivier qu’était le BOG, je découvris l’analyse de la valeur, le PERT, la rentabilité des investissements et … la gestion des stocks. Système sur point de commande (ROP : Reorder Point) ou système périodique assaisonnés d’un stock de sécurité et voilà la solution pour gérer nos usines. Ajoutez à cela un cours de programmation en langage absolu suivi par une once de Fortran et deux de Cobol et voilà le profil idéal pour, à 28 ans, être chef du projet de la gestion de la production des 5 usines grand public. C’est tout au moins ce que pensèrent les 6 directeurs qui me lancèrent dans cette galère. (« et s’il se plante il sera assez jeune pour s’en remettre ! »)

Mais alors là, la cata ! Pas question d’utiliser le point de commande, ni même le stock de sécurité ! Car nos utilisateurs faisaient déjà à la main un calcul des besoins cumulatif et une gestion des variantes avec des nomenclatures matricielles que nous intégrâmes dans notre système. Et c’est ainsi que, dès 1971, les commandes sortaient directement de notre IBM 360-40.Et pour assurer la nécessaire qualité des nomenclatures, nous calculions la consommation des pièces dans l’atelier et ne les distribuions que la veille de leur rupture prévue, faisant le lien entre planification et exécution.Vingt ans plus tard, le système était encore opérationnel dans l’usine du Mans. Nous avions mis en place un MRP bien spécial avec un seul niveau de nomenclature et où le stock de sécurité s’était transformé en délai de sécurité, situation plus normale pour des approvisionnements!

Avec un jour de délai d’assemblage et un jour d’en-cours, l’arrivée du Juste-A-temps fut plutôt considérée comme un non-évènement et bien reçue. Et nous utilisâmes enfin le sigle MRP mais en lui donnant comme signification : Management des Ressources de Production qui recouvrait les actions d’amélioration continue qu’à partir des années 80, j’allais lancer dans les 20 usines Philips françaises et belges.

Même constat avec le Lean qui s’identifie souvent à cette approche d’amélioration continue et donc de suppression des gaspillages.

Mais alors quid de DDMRP : Demand Driven MRP? Cette nouvelle approche nous demande-t-elle de jeter le bébé avec l’eau du bain ?

Lorsque, 40 ans plus tard, j’y retrouve les nomenclatures matricielles à un ou deux niveaux, lorsque l’on m’y propose une gestion dynamique des délais qui nous manquait alors cruellement, lorsque l’on met en avant une gestion à la journée et une gestion également dynamique des stocks, DDMRP propose tout un ensemble de concepts qui me semblent aller dans le sens de l’histoire et répondre à des attentes insoupçonnées. C’est cette synthèse qui fait toute l’orginalité et tout l’intérêt de DDMRP. Félicitons-en les auteurs Carol Prak, CFPIM, CIRM, CSCP et Chad SMITH.

DDMRP, une révolution ? Non, plutôt une évolution riche de promesses.

NB: Pour retrouver tous les termes spécifiques à DDMRP et leur traduction en français il suffit de taper DDMRP dans le moteur de recherche.

Pour préparer la certification correspondante

 

Données massives ou « big data » en Supply Chain Management

Données massives” ou “Big Data” en Supply Chain

S’il est un sujet d’actualité, c’est bien celui des « Big Data », définis comme des ensembles de données … tellement volumineux qu’ils deviennent difficiles à travailler avec des outils classiques de gestion de base de données. Si ce terme peut paraître incongru en anglais, ne vaudrait-il pas mieux privilégier  sa traduction française «données massives»?  L’APICS les décrit comme une collection de données et de technologies qui accède à toutes les données disponibles, les intègre, les traite et les partage en les filtrant, les corrélant et en donnant des orientations qui n’auraient pas été possibles avec les systèmes de gestion de bases de données (SGDB) traditionnels.

A côté des données structurées que les SGDB savent gérer : tableaux, fichiers, enregistrements … nous devons faire face à un volume croissant de données non structurées : photographies, documents sonores, ADN, codes QR, courriels  …  qui ne sont pas mesurables ni quantifiables mais prennent une importance croissante.  Ces données peuvent être fournies de façon aléatoire et provenir de médias très différents : caméra, capteur, lecteur  RFID, tablette, téléphone … Le traitement de ce flux de données massives dépasse  les capacités  de l’esprit humain, seule l’informatique est capable de les gérer, de les traiter  et de leur donner une valeur.

 Mais quel est l’impact de l’arrivée massive de ces données dans nos processus opérationnels et décisionnels de Supply Chain Management (SCM) ? L’APICS a cherché une réponse via une enquête lancée auprès de plusieurs milliers de professionnels du SCM. En voici quelques éléments.

  • Les demandes les plus fortes portent sur les stocks dans la chaîne logistique, la planification et la prévision et la connaissance de la demande en temps réel.
  • Les domaines qui pourraient bénéficier le plus des données massives sont les prévisions, le PIC (Plan Industriel et Commercial) et le management des opérations.

Pour mieux constituer et utiliser ces données massives, l’APICS propose les trois meilleures pratiques suivantes :

  • développer d’excellentes relations avec tous les partenaires de la supply chain, avant de commencer à « soutirer » (ou mieux échanger) des informations,
  • traiter dès que possible les insuffisances qui pourraient apparaître dans le flux logistique,
  • rechercher les possibilités de corrélation qui ne semblent pas encore évidentes ou qui paraissent encore difficiles à étudier. Le dossier complet peut être acquis auprès de APICS www.apics.org (20 $ pour les membres, 40 $ pour les non-membres).

 

ils viennent d’entrer dans le dictionnaire

A peine lancé le dictionnaire IDELOG a déjà subi ses premières révisions. Beaucoup de corrections mais aussi des nouveaux termes. Voici ceux sur lesquels vous pouvez réagir et auxquels vous pouvez contribuer.

drone, dernière nouvelle : une pizzeria de Mumbai aurait testé la livraison par drone en 10 minutes au lieu de plusieurs heures d’embouteillage. Comme aux USA, la DGAC indienne a mis le holà! Qu’en sera-t-il de la Russie ?  : les russes s’y mettent aussi ! (AFP, 25/06)

Après avoir fait la une des journaux et revues le terme de drone ne semble plus approprié pour les applications logistiques. Le voici remplacé par Véhicule Aérien Sans Pilote (VASP) terme avec lequel les transporteurs se sentiront plus à l’aise. A nouveau, les pieds sur terre?

IOE, IOT, internet des objets et internet de tout : c’est quoi ces choses ? Un chiffre d’affaires 4800 milliards de dollars en 2012, et de 8900 en 2020 et 212 milliards d’objets connectés. De quoi faire saliver tous les geeks de la planète !

Avec l’annonce de Fedex et d’UPS de revoir leur base de tarification pour les transports routiers de colis ce sont deux nouveaux termes qui ont trouvé leur place dans le dictionnaire: la masse volumique et le poids dimensionnel. Si le premier nous permet de comprendre pourquoi le kilo de plume et le kilo de plomb sont à la fois si semblables et si différents, le second cherche à en corriger les conséquences lorsque le distributeur veut livrer des kilos de plume et lorsque le transporteur préfère charger son camion avec des kilos de plomb. J’ai souvenir d’une société californienne, dont j’ai malheureusement oublié le nom, qui met en relation des chargeurs de plomb (par exemple des sidérurgistes) et des chargeurs de plume (par exemple des laboratoires pharmaceutiques) pour utiliser tout le volume des camions sur la même ligne, réduire  les coûts pour les deux chargeurs ainsi que l’encombrement des autoroutes. (voir aussi les news de juillet 2014).

Après l’arrivée en masse des drones voila-t-il pas que leur appellation est mise en cause tout au moins dans le domaine de la logistique. En effet, qu’y a-t-il de commun entre le Predator (ou encore pire le Reaper, qui peut emporter une charge de deux tonnes à 15 ooo mètres d’alitude) et les petits « dronelets » qu’Amazon ou DHL voudraient bien utiliser pour des applications dont le marché n’est pas encore bien défini et encore moins garanti. Faisons place aux VASP ou Véhicules Aériens Sans Pilote plutôt qu’aux UAV.

Bien sûr le MOOC et la FLOT ne sont pas des termes spécifiques au management des opérations et de la chaîne logistique, mais serait-il concevable de ne pas parler des formations correspondantes et encore plus des risques des cFLOT.

Private, local, average & later, four words going bye-bye? Des termes qui n’ont plus de sens? C’est la question, plus sérieuse qu’il n’y paraît, que posait Thomas Friedmann il y a six mois. Et question toujours plus actuelle !

Enfin mon coup de sang aujourd’hui porte sur les big data. Parce que les américains ont introduit un terme qui n’a pas beaucoup de sens (how big is big?) pourquoi faut-il que non seulement nous l’adoptions mais ne cherchions pas un équivalent français qui ait plus de sens? pour ma part je me suis rangé derrière la bannière de Wikipedia contre les éditeurs de logiciel et autres communicants. Vive les données massives.

En cette fin d’année 2014, beaucoup d’autres notions plus ou moins récentes viennent de débarquer dans le dictionnaire:

European TK’Blue Agency à l’occasion de sa reconnaissance par Sustainanalytics.

 

 

Les RATH Tommeries : manger N° 1 *

A la suite du Congrès de l’APICS à Orlando, Supply Chain Magazine  se faisait l’écho d’une conférence présentée par un miraculé : Tom RATH. D’où un  jeu de mots un peu facile, les RATH TOMMERIES, pour présenter les conseils d’un homme très, très spécial. En effet, en près  de 40 années, Tom a connu des vies bien différentes :

  • Une jeunesse normale. Dans un environnement encourageant les études et le sport , il pratique notamment le basket-ball jusqu’au jour où , à l’âge de 16 ans, il a des problèmes de vision.
  • tom rath2L’annonce d’une mort prochaine. Devenu quasi-aveugle, il apprend que ce n’est que l’un des symptômes d’une maladie qui n’atteint qu’une personne sur 4 400 000. La maladie VHL (von Heppel-Lindau ) est caractérisée par l’apparition continuelle de petites tumeurs cancéreuses dans les reins, le pancréas, le cerveau, la moelle épinière et les glandes surrénales qui peuvent entraîner la mort si elles continuent à se développer. Tom apprend qu’il va devoir se battre toute sa vie durant pour contrôler cette propagation rampante.
  • La bataille pour la vie. Reprenant une sentence de Sun Tsu : « Si tu connais ton ennemi et te connais toi-même , tu ne peux craindre l’issue d‘une centaine de batailles », Tom décide de mener une guerre à mort contre cette hydre aux cent têtes. La première bataille fut celle de la connaissance : « je compris vite que plus j’apprenais, plus je pouvais agir pour augmenter mes chances de survie».

Ou trouver les meilleurs sources de connaissances sinon chez l’entreprise dont le nom est entré dans le langage familier des statistiques et sondages d’opinion ? C’est ainsi qu’il entre chez Gallup, où il peut à la fois apporter sa maîtrise des statistiques et mener sa guerre personnelle contre la maladie de VHL. Auteur à succès de nombreux livres à succès, dont le dernier StrenghtFinders 2.0 , il décide de nous apporter toute la connaissance qu’il a accumulée pour nous aider à vivre mieux. En 12 lettres : « EAT MOVE SLEEP« , en 30 chapitres et 220 pages, il nous livre ses recommandations appuyées sur des statistiques dont certaines ne seront pas sans nous surprendre. Vous en trouverez quelques-unes ci-dessous, égrenées au cours du temps, mais n’attendez pas pour acquérir son livre. Tous à  table ? C’est désormais la question que vous vous poserez en apprenant que plus vous êtes nombreux autour d’une table plus vous mangerez :

  • A deux : 35% de plus que si vous étiez seul,
  • A 4 ou plus : 75% de plus,
  • A 7 ou plus : 96% de plus.

La même statistique pourrait probablement s’appliquer à la durée du repas. Il n’est qu’à considérer celle des banquets ou des repas de famille qui s’éternisent des heures durant pour s’en assurer. A suivre