News d’ici et d’ailleurs du mois de février 2015

By | 12 février 2015

mars past due120 Quand les mois de Mars comptent double

… ses fournisseurs perdent deux mois de trésorerie. C’est la conséquence de la décision de Mars de faire passer de 60 à 120 jours les délais de paiement de ses fournisseurs au Royaume Uni.  Ceci en raison de la pression exercée par les distributeurs pour faire baisser les prix, alors qu’ils bénéficient déjà d’une trésorerie positive. Mars s’est crue obligée de doubler ses délais de paiement, alors que selon une étude récente, dans l’industrie agro-alimentaire, 1400 producteurs sont dans une situation financière catastrophique. Pendant ce temps, TESCO, le Carrefour anglais, met à disposition de ces mêmes fournisseurs un site Tesco-Supplier Network, un réseau collaboratif ( ?) où ils pourront s’exprimer  sur des traitements qu’ils considèrent abusifs.

Entre l’enclume et le marteau, une position bien difficile pour Mars.

 

9,9% A trop voler …

UPS fleetUPS a vu un crash de ses résultats et ce à un point tel que, le 22 janvier, ses actions ont chuté de 9,9% à la suite de l’annonce de ses résultats bien loin de ce que les analystes attendaient.

Et pourtant ce résultat n’aurait pas dû les surprendre. Après qu’UPS n’ait pu, lors de la Noël 2013, livrer dans les délais convenus des dizaines de milliers de clients d’Amazon et d’autres e-commerçants, UPS décida d’investir lourdement pour qu’une telle situation ne se reproduise. Tellement lourdement que les coûts de fonctionnement furent aussi à la hauteur des investissements et que l’opération se solda par des pertes excessives et des actions plombées.

Avec un peu de plomb dans la tête, UPS a commencé par étendre au transport terrestre le principe du poids dimensionnel déjà utilisé dans le transport aérien (voir SCMag N°86 page 76). Puis d’appliquer une technique bien maîtrisée par les chaînes d’hôtels et la SNCF : le yield management.

 UPS, Fedex et consorts avaient-ils oublié que le temps c’est de l’argent ?

 

43% Monter en amazon : un grand écart pour le directeur logistique

benigniAlors que 43% des américains ne souhaitent pas être livrés par des VASP (véhicules aériens sans pilote), alors qu’UPS annonce des pertes, pour avoir voulu trop bien faire et un changement de tarification pour les réduire (voir ci-dessus), Amazon continue à innover. Il y a 15 ans, lorsque j’avais visité son premier magasin qu’il sous-louait à notre client Lexmark à Saran, j’avais espéré pouvoir retirer sur place un des romans anglais que je lui commandais jusqu’alors aux Etats Unis ou en UK. Pas question, un modèle unique était déployé dans tous les pays.

Aujourd’hui le modèle unique a éclaté et notre Global Supply Chain Manager doit faire le grand écart entre les VASP, les livraisons par la Poste ou les nombreux biker à chicagotransporteurs associés, les taxis et un moyen de transport sur roues vieux de plus de 150 ans qu’Amazon remet en selle. En effet, à partir d’un entrepôt qu’il vient d’emménager au  34W entre Madison et Park Avenue, qu’il vente ou qu’il neige, un cycliste viendra vous livrer à domicile; gratuitement dans les 2 heures, ou dans l’heure vous êtes prêt à payer $7,99. Mais vous pourrez aussi aller chercher l’article que vous aurez commandé sur internet voire le retourner et l’échanger.

Mon rêve verra-il voir le jour en France. Pourrons-nous voir un vrai amazonien en chair et en os? (Non je n’oublie pas les amazoniens et amazoniennes que j’ai rencontrés et formés dans une autre vie).

Photos : La Vie est belleRoberto Benigni, Nicoletta Braschi 

365 A vouloir trop (es)croquer la pomme !

apple topsecretN’est-il pas normal de demander un pot de vin après s’être mis à table et quoi de plus naturel qu’un bon sauvignon blanc 2009 de chez Groth dans la Napa Valley ? C’est ce qu’aurait pu penser Paul Devine, le global supply manager d’Apple,  s’il s’était limité à échanger quelques phrases banales avec Andrew Ang.

Il n’y eut toutefois qu’un petit problème.  Andrew Ang était son correspondant singapourien chargé des contacts avec les fournisseurs asiatiques d’Apple. Un correspondant un peu particulier puisqu’il organisait un troc bien huilé. En échange de l’approvisionnement des quelques comptes off-shore – ouverts au nom de son épouse – Paul Devine communiquait à ses fournisseurs asiatiques toutes les informations, et notamment les « target prices », qui leur permettaient de négocier dans les meilleurs conditions. Des pots-de-vin qui dépassèrent le million de dollars !

Un conflit d’intérêts qui s’est traduit par 365 jours de prison et une amende de 4,5 millions de dollars pour chacun d’eux.

 

$27.17 le salaire et la peur

salaire et peurPardonnez ce mauvais jeu de mots encore qu’il recèle un brin de vérité. Il s’agit, pour les opérateurs américains  du taux horaire dans le décile le plus élevé. Si, en l’opposant aux standards français, ce chiffre ne vous dit pas grand-chose, que direz-vous en apprenant que depuis 2003, il est passé de $36,54 à $27,17 soit une baisse de 25,8% . La chute du pouvoir d’achat des opérateurs et la baisse de consommation sont telles que tous les commerces s’en ressentent et se demandent s’il faut continuer à encourager le rapatriement des usines ou, au contraire, en avoir peur.

Nous sommes bien loin de notre SMIC et comprenons pourquoi, dans le classement des pays sur la liberté d’entreprendre (voir ci-dessous), les Etats Unis soient classés premiers pour le critère « labor freedom ». Doivent-ils s’en flatter?

 

accenture3 risques et 3 réponses pour le Supply Chain Manager

Selon une enquête conduite par Accenture auprès de plus de 1000 Directeurs et VP les sources de risques encourus par les Supply Chains sont dans l’ordre l’informatique, les éléments de tarification et l’économie globale. Les secteurs les plus exposés sont la qualité (45%), la planification (39%), les compétences (38%) et les achats et l’approvisionnement (37%).

Là où le bât blesse, c’est que si trois quarts d’entre eux (76%) considèrent que la gestion des risques est importante, seulement 7% estiment que leur investissement a été rentabilisé. Mais n’est-ce pas plutôt une vision à court terme si l’on se rappelle que l’investissement c’est l’échange d’une satisfaction immédiate et certaine à laquelle on renonce contre l’espérance d’un profit futur dont le bien investi est le support. Et si c’est seulement au bout de quelques « quarters » que l’on déclare ce type d’investissement non rentable, on en oublie la finalité : c’est plus une assurance qu’un investissement.

Quoiqu’il en soit, nous pouvons retenir les 3 leçons de ceux qui disent avoir rentabilisé leur investissement :

  1. Faites du management du risque une priorité (une confirmation de ce que nous venons de  dire,
  2. Centraliser la responsabilité du management du risque : c’est au niveau « Corporate » qu’il doit se placer,
  3. Investissez agressivement dans le management du risque en portant une attention toute particulière sur la visibilité de la chaîne logistique étendue et au traitement analytique des données

Une vision beaucoup plus saine que celle de la rentabilité à court terme.

 

Liberté d’entreprendre : La France 5ème ?

liberté fiscaleQuand nos politiciens se flattaient d’une France 5ème puissance mondiale, ils étaient déjà en retard d’un train puisque le Royaume Uni venait de nous dépasser. Mais ils auraient dû prendre connaissance d’un autre classement : celui de la liberté d’entreprendre que propose le  très conservateur  think tank américain Heritage (.org) ). Selon cette étude conduite pour la 20ème année en collaboration avec le Wall Street Journal, la France aurait bien aussi une cinquième place, mais la 5ème dernière  laissant derrière elle le Tchad, la Belgique, la Suède et le Danemark bon dernier.  Vous ne serez pas surpris en apprenant que c’était pour la pression fiscale que nous méritions ce bonnet d’âne et la 178ème place.

– mais ce n’était pas le seul critère, pour juger de la capacité d’un pays à  favoriser la liberté d’entreprendre ?

– bien sûr que non, il y en a 10 autres qui la conditionnent. Ceci va de la corruption – notre meilleur classement avec une 27ème place – à la liberté du travail – un de nos plus mauvais classements avec une 132ème place entre le Bangladesh et la Slovénie. Pour ce dernier critère, «la liberté du travail» les Etats Unis sont en tête devant Singapour et Hong-Kong. Pour chaque critère où le poids du gouvernement se fait sentir nous coulons dans les profondeurs du classement.

– De ce fait je n’ose même pas te demander le classement général de la France ?

– Nous sommes à la 70ème place, coincés derrière le Kazakhstan, le Monténégro et le Portugal mais devant Panama, la Thaïlande, et InidadTobago. Caracolent en tête Hong-Kong, Singapour, et dans un mouchoir l’Australie, la Suisse, la Nouvelle Zélande et le Canada.

– Nous c’est un mouchoir qu’il nous faudrait pour pleurer ! Mais au moins nous avons amélioré notre position ?

– Même pas, puisque nous avons perdu une place par rapport à l’année précédente. Serait-ce une consolation que les USA aient perdu deux places ? Mais eux sont passés de la 10ème à la 12ème place.

– Dur, dur, d’être aussi freinés dans cette liberté d’entreprendre !

– Mais, comme dirait Florent PAGNY, il nous reste  « la liberté de penser » et tant que nous garderons notre liberté de communiquer et de caricaturer nous ne passerons pas pour des charlots.

– Je te retrouve bien là. Mais comment retrouver toutes ces données et les autres ?

– Tu peux les retrouver sur héritage.org, mais j’ai aussi fait une synthèse avec tous les critères et tous les classements pour tous les pays sur un seul Excel de près de 2000 données. Envoies-moi un courriel et tu le recevras avec en prime en surlignage les 5 plus grands pays et la France. En attendant voici déjà le classement général.

liberté d'entreprendre

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