Extrait du chapitre 30 : Séparation de l’Eglise et de l’Etat
Cette période faste pour notre paroisse trouvait son apogée dans la grande mission de 1901 où cinq pères jésuites de Vannes remuaient les âmes au point que 1320 communions étaient distribuées lors de sa clôture et que le pasteur pouvait se féliciter de ce que tous les paroissiens avaient fait leur mission. Mais ces pères jésuites, qui venaient de tomber sous le coup de la loi contre les Associations religieuses, préparèrent aussi les Auganais à affronter une dure période de combats religieux.
En effet, après un siècle de Concordat, marqué par la sécurité matérielle, voici que l’Eglise de France va être affrontée à rude épreuve à l’orée du XXème siècle. Le 21 mars 1905, s’ouvre devant la Chambre la discussion de la loi de séparation. Le rapporteur en est un socialiste brillant orateur, Aristide Briand. S’appuyant sur la doctrine de l’Assemblée Constituante de 1789, qui avait proclamé que l’Eglise avait seulement la gestion mais non la propriété des biens du clergé, Briand va revendiquer pour la République le droit de supprimer le budget des cultes. Mais il est convaincu que le projet de loi qu’il rapporte peut et doit assurer la séparation et la paix dans le respect loyal et complet des droits de chacun.
Le 9 décembre 1905, le projet est adopté et le 11 décembre la Loi de Séparation est publiée au journal officiel. Elle déclare ne reconnaître ni ne salarier aucun culte, mais elle institue un régime dans lequel l’Etat, considérant la religion comme une manifestation individuelle d’ordre privé, lui laisse toute liberté, sous le droit commun. Il est stipulé que les responsables légaux des établissements du culte devront attribuer leurs biens à des associations nouvelles, dites « cultuelles » parce qu’elles se conformeront aux règles d’organisation générale du culte dont elles se proposent d’assurer l’exercice.
Ainsi donc la loi apporte aux catholiques une liberté multiforme: de réunion, de la plume, de la parole, du choix des dignitaires, de la fondation d’églises et de chapelles. En revanche, le catholicisme et son clergé sont désormais ignorés par l’Etat. La suppression du budget des cultes va brutalement les réduire à la pauvreté. D’autant que le pape Pie X, se montrant intransigeant à l’égard de la République Française, refuse le principe même des « cultuelles » et des mutualités ecclésiastiques. Si bien que la France est dotée du régime le plus radical du monde; le clergé ne gardant que la jouissance des lieux de culte. Il est vrai que, compensation immense, il est désormais libéré de toutes les sujétions que lui avait imposées le Concordat et les articles organiques de Bonaparte.
Les inventaires
L’opinion catholique n’aurait sans doute pas réagi si la manie administrative des républicains n’avait provoqué des incidents liés aux inventaires. Eh effet, dès le 29 décembre 1905, …
NB : cette photo ne figure pas dans le livre « Histoire d’Augan »