Author Archives: Michel

2 Formation sur le tas

2 Formation sur le tas

Avec 120 000 intérimaires à embaucher pour la fin de l’année dans ses centres de distribution américains, Amazon se devait d’assurer leur formation. Pour ce faire, avec une moyenne de 5 jours de formation, il aurait dû dépenser 600 000 jours  soit plus de 2000 années-hommes. C’est pourquoi, une fois encore, Amazon se devait d’innover avec une formation sur le tas (OJT: On the Job Training) qui utiliserait tous les outils disponibles pour en limiter la durée.

Chaque nouvel embauché est accompagné par un mentor. Dès le premier jour il est guidé par une gamme de préparation qui lui indique la taille et le type de carton à utiliser et qui lui découpe le bon adhésif à la bonne longueur. Il remplit le carton à partir d’étagères qui lui sont apportées avec des robots Kiva (comparables aux modèles de Scallog en France). Un écran lui montre la forme du produit qu’il doit prendre et son emplacement dans l’étagère mobile.

Et voici comment en 2 jours il peut atteindre la cadence demandée et comment Amazon peut économiser 1200 années-hommes.

Sur les murs des centres de préparation d’Amazon on peut lire ce slogan « work hard, have fun, make history » à destination des amazoniens. Une fois remplie la première condition, (work very, very, very hard) ceux-ci pourront peut-être se faire plaisir.

93,1% Après le robot, le cobot, le sewbot, le « chatbot » ça vous cause vraiment?

 93,1% Après le robot, le cobot, le sewbot, le « chatbot » ça vous cause vraiment?

Rassurez-vous si vous avez répondu par la négative et ne savez pas de quoi il s’agit car vous entrez dans la catégorie des 93,1% des professionnels interrogés. Et pourtant, tout au long de l’année 2016, nous avons vu grandir la famille des robots : robot collaboratif, sewbot de couture, packbot militaire, …  Mais quid des chatbots ? Et lorsque vous lisez que, dans 80,1% des cas, votre chaîne logistique pourrait être impactée par les chatbots vous voulez probablement en savoir davantage.

Un chatbot, qui est aussi traduit par un « agent conversationnel » pourrait être plus simplement appelé un « causeur » car c’est un programme qui veut donner l’illusion à une personne qu’elle est en train de dialoguer avec une autre personne. Et le dialogue aura d’autant plus de sens que le programme aura été bien développé et permettra la construction d’un dialogue quasi-naturel.

Mais la plupart des chatbots ne s’y essayent pas. Chez les chatbots les plus frustes, on repère les quelques mots dits « déclencheurs » que le programme saura reconnaître pour amorcer un dialogue. Il essaiera de retrouver des réponses dont le schéma est programmé pour répondre d’une manière plus ou moins intelligente et satisfaisante pour le consommateur.

En revanche, les chatbots plus évolués ont  une place de choix dans la supply chain. Que ce soit pour prendre des commandes, suivre leur état d’avancement, communiquer avec les clients, enrichir l’expérience de consommateurs, les chatbots vont se substituer de plus en plus aux humains sauf pour les tâches qui continueront à exiger une intervention humaine.  Et, comme nous l’avons vu avec les robots de couture, (SC Mag N°107), avec le risque de voir toutes les activités humaines qui impliquent des dialogues simples disparaître des pays à bas coût main d’œuvre pour revenir vers les pays développés.

Et  encore une fois voir l’OIT s’en inquiéter et dénoncer cette arme à double tranchant.

80PB Petit papa Noël quand tu remonteras au ciel

80PetaBytes Petit papa Noël quand tu remonteras au ciel

Pendant des années j’ai été incapable de répondre à la question de mes petits-enfants.

D’accord, on veut bien qu’en attendant la livraison par des drones le Père Noël fasse du dropship  et livre directement ses jouets dans nos cheminées avec autant de rennes et de traineaux que nécessaire. Mais, en réalité que fait-il vraiment ? S’il va se réapprovisionner dans le cloud“, il doit retourner à vide et ce n’est pas trop écologique.

Malgré mes cours et diplômes, je restai coi pendant des années jusqu’à je trouve la réponse ce 1er décembre 2016. En fait, le Père Noël n’est plus là que pour amuser la galerie car il a depuis longtemps sous-traité l’essentiel de son activité aux géants de la distribution. Les jouets ne sont plus stockés dans les nuages mais dans d’immenses centres de préparation des “fulfillment centers“ qui réussissent tant bien que mal à remplir la mission que Santa Claus leur a confiée.

L’un de ces géants a même profité de son image pour faire croire que nuage et internet n’étaient plus nécessairement la solution pour véhiculer des teraoctets d’information. Un “eighteen wheeler“ chargé d’un conteneur de 45 pieds était la seule façon de véhiculer les petaoctets que nous ne cessons de produire. Pour maintenir l’illusion du Père Noël il appela son “truck“ un “ Snowmobile“ et ses contenants élémentaires (quand même capables d’accepter 80 téraoctets : 80*1012 octets) des “snowballs“.

Là où ma surprise fut encore plus grande, c’est quand ce 1er décembre 2016, Andy JASSY, le grand patron de cette division AWS (Amazon Web Services) nous dit qu’il ambitionnait de constituer le plus grand business de ce géant de la distribution, un “$100-billion-plus business and still growing”

 

Quand on pense qu’avec une connexion à 1Go par seconde il faudrait plus de 20 ans pour transférer 100 petaoctets dans le cloud contre quelques semaines en les transférant par la route on peut comprendre que le Père Noël préfère rester dans les nuages.

 

$100 M Quand Amazon attaque ses fournisseurs …

contrefaçon d'amazon$100 M Quand Amazon attaque ses fournisseurs …

… de contrefaçons. Lorsque l’on sait qu’Amazon fait environ 50% de son chiffre d’affaires – €70 Mds –  avec  plus de deux millions de fournisseurs indépendants nous pouvons nous interroger sur le niveau de contrôle possible. Avec un tel nombre la réponse semblait évidente : nada, niente, zilch. Et le fait qu’ALIBABA, son grand concurrent chinois, ignore le sens même du mot « contrefaçon » n’était pas de nature à l’inciter à réagir violemment. Et ceci dura des années jusqu’à ce que des fournisseurs américains quasiment mis  en faillite décidèrent que trop c’est trop. Ainsi, Randy HETRICK, après vendu son TRX Training System sur Amazon dès 2008 vit brutalement ses ventes s’effondrer en 2013. Une enquête approfondie lui permit de prouver que  de nombreux contrefacteurs avaient pris sa place jusqu’à faire deux fois son chiffre d’affaires  de $100M. Il fallut qu’Apple, pourtant peu impacté par la vente de chargeurs, décide d’attaquer Amazon en justice pour que ce dernier envisage de prendre des mesures plus fortes. Des articles sur Bloomberg.com,  la CNBC, Fortune etc. accentuèrent la pression et le 15 novembre 2016, Amazon décidait finalement de poursuivre en justice les contrefacteurs de TRX et de l’annoncer urbi et orbi.

« Amazon a une politique de « zero tolerance » et va la poursuivre activement en mettant des équipes dédiées en place aux US et en Europe et en travaillant avec les principaux fabricants pour prévenir les ventes de contrefaçons ».

Mais la balle ne devrait-elle pas être aussi  dans notre camp lorsque nous acceptons sans barguigner d’acheter un article 20 à 50% moins cher que l’original en espérant les mêmes fonctionnalités ?

14% Quand la Chine s’éveillera … à la concurrence

chineAvec un peu de chance ce sont nos petits-enfants ou nos arrière-petits-enfants qui pourront en bénéficier. En effet, selon une récente étude de Wind Info,(win.com.cn) 14% des profits réalisés par les entreprises chinoises sont en fait des subsides gouvernementaux qu’ils aient été accordés à l’échelon local, régional ou national. Ce pourcentage n’était que de 5% il y a 6 ans.

Semblerait-il que Donald TRUMP se soit trompé dans sa campagne contre les importations chinoises et sa demande de réévaluation du yuan et d’augmentation des droits de douane. C’est ce que pense le Wall Street Journal en écrivant qu’il serait préférable de se préoccuper plutôt de ces subsides en augmentation. Le WSJ estime même que si une augmentation des droits était décidée elle serait compensée par une augmentation au moins aussi forte des subsides libéralement accordés  par les instances gouvernementales. Toujours selon Wind Info, ces subsides sont accordés sous différentes formes : subventions sans contrepartie, réduction de taxes, assistance du gouvernement local, crédit à l’export et la liste est loin d’être limitative. Ainsi la naissante industrie automobile a vu ses subsides augmenter de 50% chaque année depuis 2010.

“Fight them or joint them”. Il semblerait que les constructeurs automobiles aient compris le message. Mais quid des autres industries ?

$2000 Born (and made?) in the USA

Iphone 7Après les rodomontades de Donald Trump sur le “made in America” voici venu les temps des “beancounters” et nos comptables  ont vite fait de sortir les chiffres qui fâchent et que le President aurait du mal à balayer d’un revers de main s’il n’avait pas des « vérités alternatives ».

Si APPLE peut revendiquer de développer ses Iphones en Californie qu’en serait-il s’il devait les fabriquer aux USA ? Selon l’entreprise Market Place ce montant de 2000 dollars serait en fait le prix auquel il faudrait vendre l’IPhone 7 Plus s’il devait être assemblé en Californie. Pratiquement le double du même IPhone fabriqué en Chine.  Et même si nos experts internationaux du MIT pensent que le prix pourrait être moins élevé on resterait loin du compte. Et ils se demandent combien d’américains seraient prêts à payer pour un Made in America si les intentions de Donald TRUMP se concrétisaient.  Il en est de même des vêtements, des chaussures et, d’une façon générale de tous les produits actuellement externalisés.

Finalement quel beau programme pour Donald TRUMP : maintenir  ou rapatrier des fabrications aux USA et encourager les mexicains à retourner au Mexique ! A quel prix?

30% Après le CEO, le COO, le CFO, le CSCO … place au CRO ?

Dans un précédent SCMag nous avions souligné le retard de la France pour son degré de robotisation.

IDC Research nous apporte de l’eau à notre moulin en nous informant que déjà robot CRO30% des grandes entreprises envisagent de créer un poste de CRO: Chief Robotics Officer dans les 3 années à venir, alors qu’il a fallu des décennies pour que le poste de Supply Chain Officer soit reconnu. Dès 2018, 45% des leaders en e-commerce auront robotisé  dans leur centre d’entreposage de préparation et de livraison. Bien sûr les robots seront collaboratifs et une attention toute particulière sera apportée pour qu’ils ne puissent blesser les opérateurs et même le gouvernement sera conduit à édicter des règles pour que cela soi respecté.

Que des éléments positifs, et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la ressource la plus critique ne venait pas à manquer: le manque de talents pour accompagner cette évolution. Et toujours selon IDC Research, en 2020 35% des postes seront vacants et les salaires  auront grimpé d’au moins 60%. Pour le traitement des informations notons que le Cloud sera mobilisé et il est même envisagé de proposer un RaaS « Robot as a Service ». Mais gageons que ce sera plutôt une fonction « Robotics as a Service » car ces équipements seront le plus probablement utilisés en 24/7.

A quand le premier CRO en France ?

 

20,000+Maerskiri (?) NYKipleure

maersk and nykDans le même temps que la compagnie maritime japonaise NYK dépréciait la valeur de sa flotte de près de 25%, elle se voyait contrainte de négocier une fusion avec ses plus féroces concurrents Mitsui O.S.K. Lines and Kawasaki Kisen Kaisha, eux aussi japonais et tout aussi opposés à une fusion.  Venant après la banqueroute du sud-coréen Hanjin Shipping Co cette fusion ne se présente pas sous les meilleures auspices et, selon Alphaliner,20,000+Maerskiri NYKipleure20,000+Maerskiri NYKipleure (dossier) 18 des plus grandes compagnies pourraient être conduites à déprécier la valeur de leur flotte de près de 35 milliards de dollars !

Comment alors comprendre l’annonce que Maersk line, qui est aussi déficitaire, pourra accueillir en avril 2017 11 méga porte-conteneurs Triple E dont la capacité passerait de 18300 EVP à plus de 20 000 EVP? Avec un tirant d’eau plus élevé il sera possible d’ajouter sur le pont un 12ème niveau de conteneurs et dépasser ces 20 000 EVP capacité qui semblait encore inaccessible il y a quelques années.

Avec ces annonces, comment allons-nous résoudre le problème latent de surcapacité ? 

 5  La guerre des délais aura bien lieu

 5  La guerre des délais aura bien lieu

C’est à deux types de délais que les géants américains sont en train de s’attaquer :  

Amazon en réduisant de 8 à 5 jours le délai sur lequel il va s’engager envers ses clients américains pour la plupart des produits expédiés par ses fournisseurs asiatiques.

8 jours à 5 jours, cela valait-il qu’on en parle ? Oui, en sachant que si l’on commande un produit le dimanche, on pourra le recevoir dans la même semaine et non plus un certain jour de la semaine suivante.  Bien sûr, il faudra avoir souscrit à Amazon Premier mais, face aux 2 à 5 semaines habituellement demandées par Alibaba, Ebay ou Wish.com, la question ne se posera pas. Et ceci est d’autant plus nécessaire que, dans le cadre du programme EPacket,  l’US Postal Service et la China Post se sont associés pour offrir à ses concurrents des tarifs très compétitifs … et les mêmes délais !

walmart-vs-amazonA quand un tel accord avec la Poste ?

 Walmart Pendant que nos équipementiers et fournisseurs ont l’habitude de livrer leur client industriel dans une fenêtre qui ne dépasse pas l’heure et même  la demi-heure,  Walmart se leur accordait une fenêtre de 4 jours avec un taux de service de 90% ! Et ceci tout en imposant une pénalité de 3% sur la facture pour une non-conformité en délai ou en quantité. Mais Walmart vient de donner un double tour de vis en passant de 4 à 2 jours la longueur de la fenêtre et en faisant passer le taux de service de 90 à 95%.

Et sa communication est tellement bonne que ce sont les 3 PL qui doivent informer leurs clients des nouvelles règles du jeu  qui leur sont imposées!

 

Dernière nouvelle : selon une étude d’Internet Retailing le délai moyen de livraison des commandes en ligne des 258 plus gros détaillants américains est passé de 8,3 jours en 2014 à 5,1 jours en 2016, mais encore loin derrière Best Buy avec ses 3,3 jours et, faut-il en rajouter, les 2 jours (voire souvent moins) garantis par Amazon.

 

7 Façons de se planter avec les objets connectés?

7 Façons de se planter avec les objets connectés?

 

En 2014, les Objets Connectés faisaient leur entrée dans le dictionnaire d’Idelog.

Trois ans plus tard, les réussites mais aussi les échecs des projets d’implémentation conduisaient Brian BUNTZ à nous mettre en garde en nous signalant 7 raisons pour lesquelles un projet d’Internet des Objets pouvait se planter. Les voici en commençant par les moins spécifiques :

plantage-des-iot1 – incapacité à vendre le projet à toutes les parties prenantes sur l’ensemble de la chaîne logistique,

2 – investissement insuffisant dans le management du projet,

3 – focalisation sur la technologie plutôt que sur les résultats,

4 – sous-estimation des risques liés aux fournisseurs,

5 – sous-estimation des risques liés au piratage ou à la protection des données personnelles,

6 – difficulté de mise à jour, de remplacement ou de substitution des  composants,

7 – absence de plan B ou de stratégie de sortie.

J’en ajouterai un huitième qui traduit la contradiction avec laquelle nous devons vivre avec les objets connectés

8 – ne pas envisager une solution qui soit à la fois agile et pérenne.

 

Dans un monde en effervescence, sinon en ébullition, où des nouveaux objets, de nouvelles solutions nous sont proposés, quasiment en continu, le risque de disparition des fournisseurs, de caducité accélérée des solutions, nous demande d’être à la fois réactif, proactif, et « préventif« et surtout pas « gadgetomaniaques« .