Dans la revue Supply Chain Magazine d’octobre, vous avez pu lire plusieurs des news ci-dessous. mais, faute de place, d’autres n’ont pu y figurer. Les voici dans leur intégralité.
9% Les 3PL ça rapporte? Au rapport!
C’est la réponse qu’apportent CAP Gemini Consulting et la Penn State University dans leur étude « 2015 Third Party Logistics Report ». Dans ce rapport de 66 pages, le 19ème, ils confirment que les 3PL sont toujours source de profit pour leurs clients puisqu’ils permettent une réduction de 9% de leurs coûts, de 5% de leurs stocks et de 15% de leurs immobilisations logistiques. En revanche, on peut regretter que les coûts logistiques soient exprimés en pourcentage des ventes plutôt que du coût des ventes, il serait plus probablement de l’ordre de 12-15% : chiffre que nous rencontrions déjà dans les années 80.
Quant à la part croissante des 3PL dans les coûts des transports (51%) et des entrepôts (36%) qui s’en étonnerait maintenant ? Mais pour quoi faire?
80%-3% Pourquoi prendrais-je un 3PL ?
Les utilisateurs font appel aux 3PL dans des pourcentages qui varient entre 80% et 3% pour une vingtaine d’utilisations qui vont du transport à la gestion environnementale.
Près de 50% leur font confiance en tant que transitaire ou courtier en douane et plus d’un sur trois leur demandera de gérer leur retour, pourcentage qui devrait encore augmenter avec l’explosion des ventes sur internet. Trois sur dix leur sous-traiteront l’étiquetage voire l’assemblage final et les transbordements (cross-docking). Un sur quatre leur confiera la gestion des transports (Transportation Management System) et un sur six la gestion des stocks et la prise en charge des commandes.
Si l’on ajoute toutes les autres fonctions sous-traitées il n’est pas étonnant que seules restent celles qui constituent le cœur de métier de l’entreprise : recherche et développement, marketing, ressources humaines et souvent la production.
3 Après Ocean Thirteen, Ocean Three
… avec des batailles qui se passeront à l’échelle mondiale mais apparemment moins violentes. Après P3, la tentative d’alliance, retoquée par la Chine, entre CMA, et les deux compagnies américaines Maersk et MSC, ces deux dernières décidaient de faire cavaliers seuls (sic) sous le nom de M2.
La compagnie française CMA CGM laissée sur le bord de la route – maritime – revient sur le devant de la scène en s’alliant avec une compagnie chinoise la China Shipping Container Lines (CSCL) et l’United Arab Shipping Company (UASC) basée à Abu Dhabi. Totalisant de 7 à 20% de part de marché suivant les lignes, associant une compagnie chinoise, OCEAN THREE devrait rapidement obtenir l’agrément de la Chine. Avec leur 17 porte-conteneurs en commande, totalisant plus de 300 00 EVP, nul doute que la compétition sera rude.
5, 16, 45 ? Résilience de la France en SCM: quelle classe et quelle place?
Résilience : capacité d’un produit, d’un système ou d’une organisation à réagir rapidement et à revenir à un fonctionnement normal après avoir subi des perturbations fortes voire des désastres. Référence : dictionnaire de management des opérations et de la chaîne logistique www.idelog.fr
Si certaines entreprises se sont lancées dans une évaluation de la résilience de leur processus, qu’en est-il de leur pays et comment ces derniers se classent-ils ?
Ceux d’entre vous qui placent encore la France au 5ème rang des puissances mondiales seront heureux d’apprendre que c’est la place qu’elle occupe mais seulement pour la qualité de son infrastructure. Et comme cette dernière n’est que l’un des neuf inducteurs (drivers) du SCM, eux-mêmes regroupés en trois facteurs : l’économie, la qualité du risque et la supply chain, vous imaginez la suite.
En effet, l’agrégation de ces neuf inducteurs ne place la France qu’au 16ème rang des 130 pays étudiés alors qu’elle était encore 14ème en 2013.
C’est pour la Supply Chain qu’elle obtient le meilleur classement encore que le contrôle de la corruption soit un point faible de notre Supply Chain : comme si l’éthique n’était pas une vertu première en France.
Les classements individuels pour la qualité du risque peuvent surprendre mais les pays ne sont séparés que de quelques dixièmes de points et le classement global reste relativement satisfaisant.
Enfin, une fois de plus, c’est l’économie qui nous plombe avec un risque politique qui nous place derrière la Zambie, la Croatie et le Monténégro ! Une instabilité que nous payons très cher !
Quand on pense que ceux qui s’installent sur la zone franche de Tanger se sont vu garantir une exonération totale de l’IS pendant les 5 premiers exercices puis un taux fixe de 8,75% les 20 années suivantes, on croit rêver.
200 Une usine qui ne manque pas d’aire
Le génial inventeur Nikola TESLA, vainqueur contre Thomas EDISON de la guerre des courants (alternatif vs. continu), aurait-il imaginé que 70 ans après que les Etats Unis lui aient organisé des funérailles nationales , un sud-africain/canado-américain, Elon MUSK, allait donner son nom à sa société et à une voiture électrique très innovante ?
Malgré un prix très élevé (60 000 € pour le modèle S), TESLA vendit suffisamment de voitures pour être bénéficiaire en 2013 et surtout convaincre des investisseurs d’investir près de 4 Mds d’euros dans la construction d’une giga-usine de 90 hectares dans le Nevada.
En 2017, cette giga-usine produira les batteries de ses futurs modèles qui seront assemblés à Fremont (Californie) à un rythme de 500 000 véhicules par an. Une part importante des besoins en énergie sera couverte par des parcs d’éoliennes et de panneaux solaires installés sur le terrain de 200 ha, à proximité immédiate de l’usine.
Grâce à cette méga-usine, avec de tels volumes, le coût au kW devrait baisser de plus de 30% et ainsi rendre plus accessibles des véhicules encore très chers.
10 ans d’âge
C’est aux Etats Unis, l’âge moyen des équipements industriels, âge le plus élevé depuis 1938 ! Et ceci, alors que les volumes de production viennent de dépasser ceux de 2007. Les investissements en capital qui n’ont augmenté que de 3% en 2013 ne devraient augmenter que de 3,8% en 2014 alors que la croissance moyenne à long terme est de 8%. Encore plus grave, alors que la production continue d’augmenter, l’investissement en machines-outils a baissé de 2,7% au premier semestre.
Il semblerait que les entreprises continuent à empiler leur cash pour financer des acquisitions plutôt que rénover leur équipement industriel.
Il y a quelques années, visitant un équipementier automobile du Connecticut, avec notre gourou j’avais été choqué par l’âge avancé de nombreux équipements et la saleté de leur environnement. Avec des méthodes qui me paraissent barbares, tels des dispositifs qui retiraient violemment en arrière les bras des opérateurs de presse. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’on me fit visiter dans le hall voisin un atelier au sol peint en blanc avec des équipements tout neufs pour fabriquer en juste-à-temps des pots catalytiques. Contraste saisissant entre l’atelier des « Temps Modernes » et l’atelier du juste à temps, qui apparemment ne choquait personne au nom d’un pragmatisme bien américain. Je me demandai si en France, nous n’aurions pas lancé un plan à 5 ans pour passer en juste-à-temps tous les ateliers de l’usine à la fois
… et perdre 4 ans d’expérimentation et de validation.
8 Mds € De l’ore dévalué?
C’est la question que peut se poser la Chine après son investissement dans le minerai de fer en Australie. Il lui aura fallu 8 ans et autant de milliards d’euros – quatre fois le budget initial -pour commencer ses livraisons. Ceci semble remettre en cause le choix par la Chine d’acheter des ressources naturelles tout autour du globe, et surtout en Afrique, pour garantir l’alimentation de ses usines dans le futur. Avec le ralentissement de l’économie et la baisse des matières premières, il semblerait qu’elle n’ait pas fait une aussi bonne affaire que ça. Surtout qu’elle aurait surpayé des ressources de qualité moyenne dont les vendeurs étaient bien contents de se débarrasser. Apparemment la leçon des Japonais achetant de l’immobilier à tour de bras à New York dans les années 80 n’a pas servi.
Aux dernières nouvelles, les mines australiennes devraient perdre des centaines de millions d’euros cette année. Décidément de l’ORE bien dévalué.
15% – 58% Rester fidèle aux Postes?
Alors que la Poste annonce une augmentation de 15% de l’affranchissement de sa lettre rouge, après l’accord du gouvernement, l’USPS (US Postal Service) annonce une réduction de 58% du tarif de ses colis pour les distributeurs avec aussi la bénédiction de l’autorité fédérale.
Plus vieil établissement public américain, l’US Postal fait des pertes depuis le début de la crise, mais s’est lancée dans des actions de grande envergure pour les contenir et même revenir profitable. Ainsi, grâce à de fortes incitations, en 5 ans (2012-2017) ses effectifs auront baissé de 24% (124 000 équivalent temps plein). Pour sa division courrier L’USPS prévoit une baisse de 5Mds € de chiffre d’affaire (10%) et c’est pour la compenser qu’elle s’est lancée agressivement dans la distribution des colis. Avec ces tarifs, de nombreux e-commerçants distributeurs pourront plus facilement offrir les frais de livraison ou les réduire significativement.
Du côté de chez UPS et Fedex, incapables de rivaliser avec son réseau de distribution, ceci fait grincer bien des dents et ils n’entendent pas en rester là.
De belles bagarres en perspective dans un avenir plutôt incertain.
500 000 vs. 250 Des crevettes au goût amer
500 000 c’est en Thaïlande le nombre estimé d’esclaves provenant de Cambodge ou de la Birmanie attirés par la promesse d’y trouver un travail rémunéré sur les chantiers de construction.
250 £ c’est, toujours selon le Guardian, le prix auquel ils sont « vendus » aux armateurs de chalutiers thaïlandais. Ceux-ci vont draguer les fonds sous-marins pour ramasser des poissons trop petits pour être commercialisés mais en partie composés d’espèces nobles. Ils seront tous broyés pour servir de nourriture aux crevettes.
Ces esclaves, non payés pendant des années, mal nourris, sont enchainés, battus, voire même exécutés pour « servir d’exemple» ont racontés ceux qui purent s’enfuir.
500 000 c’est aussi le nombre de tonnes de crevettes vendues par la Thaïlande aux grands distributeurs : Walmart, Texco, Costo, Carrefour et autres Aldi. Si l’on ajoute que ceci passe par la mafia thaï et la corruption des officiels Thaï on peut comprendre que la Thaïlande soit menacée d’être reléguée au même niveau que l’Iran et la Corée du Nord derniers des 188 pays étudiés.
Et de ce fait, elle risque de voir dégrader son statut commercial avec les Etats Unis et les avantages associés.
Achèterez-vous encore crevettes made in Thailand ? Ou préférerez-vous celles élevées en Bretagne, dans le Pas de Calais ou le Médoc ?