FAIRE FACE A AMAZON
Après la longue bien qu’incomplète liste des activités d’Amazon qui m’ont conduit à qualifier Jeff BEZOS de plus grand prédateur du commerce américain (voir les 3 derniers SCMag ou idelog.fr), qu’en est-il pour nous en Europe et plus particulièrement en France et que pouvons-nous faire ? Rappelons (qu’aux Etat Unis, à force de manœuvres discutables sinon délictueuses, Amazon s’est approprié plus de 50% du marché des ventes sur internet de biens de grande consommation. Qui plus est avec son abonnement Premium qui offre la livraison gratuite pour beaucoup de ses produits, Amazon réussit à convaincre 99% de ses abonnés que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
Et pourtant, après avoir payé 90 euros pour un combiné il y a 4 mois, je l’ai trouvé ce mois-ci à 99 euros sur tous les autres sites sauf Ubaldi et Amazon qui le proposaient toujours 90 €. Mais au moment de passer commande, ô surprise, sur le site d’Amazon, il n’était pas à 90 euros sur Amazon mais à 99 euros et c’est finalement Ubaldi qui, à 90 euros, était la meilleure offre, livraison comprise.
Est-ce la goutte d’eau qui a fait déferler la vague pour moi? Toujours est-il que je me propose de partager avec vous mes réflexions sur ce que nous pourrions faire face à Amazon.
A titre personnel
1 – bien définir mon besoin avant de le transformer en intention d’achat. C’est ainsi qu’après avoir spécifié 4 postes pour mon combiné je n’ai trouvé qu’un seul modèle contre une dizaine pour des 3 postes et me suis évité bien des recherches inutiles.
2 – via un moteur de recherche générique passer sur un comparateur de prix qui intègre le coût total livraison comprise. Si j’avais démarré sur le moteur de recherche d’Amazon, ou d’un autre fournisseur d’ailleurs, j’aurais déjà été prisonnier de son système.
3 – A coût égal, privilégier les entreprises françaises qui laissent davantage de leurs profits en France. Chaque fois que je vois une facture établie au Luxembourg, en Allemagne ou hors de France, je sais que l’entreprise «basée» en France en n’est en fait qu’une boîte à lettres qui «externalisera» tous les profits.
En tant que citoyen
Chaque fois que je reçois un mode d’emploi dans la seule langue de Cheikspir ou (pire pour moi) de Gueute, réagir auprès du fournisseur ou du distributeur pour en demander la traduction. Et ceci bien que pour l’avoir testé, je sais que les chances de réponse sont minimes. «Schelle für Aufhängerohr» ça veut dire quoi? Demander que dans les comparatifs indépendants, tel Que Choisir, l’absence d’une notice conforme vienne pénaliser la note ou l’appréciation du produit ou du distributeur.
Côté distribution Alors qu’Amazon étend son emprise en maîtrisant tous les moyens de production, de vente et de distribution et vise le monopole absolu, pourquoi ne pas choisir la légèreté et la flexibilité en proposant des prestations sur mesure mais autant sinon plus économiques qu’Amazon. Ainsi certaines entreprises proposent aux distributeurs des solutions pour leur permettre de faire au moins jeu égal avec Amazon.
Par exemple, SCALLOG avec ses robots de manutention reste la seule alternative après qu’Amazon ait interdit à Kiva de commercialiser ses propres robots concurrents et gère le picking et la préparation des colis notamment pour l’OREAL .
Ou encore WING Logistics : www.wing.eu cette start-up française qui, anticipant le Brexit, s’installe sur les deux rives de la Manche pour proposer aux PME de prendre en charge la gestion du premier kilomètre : emballage, transport et livraison et a su convaincre Chanel en France.
Aux Etats Unis, Jim TOMPKINS veut s’attaquer frontalement à Amazon en proposant la création d’une alliance qui s’appuierait sur un fournisseur de technologie (JDA), sur des transporteurs, des 3 PL, des propriétaires/gestionnaires d’entrepôts et aussi sur Tompkins International et Tompkins Robotics. Ce ne serait pas un 4PL car l’alliance à l’américaine ne doit pas générer de profit. Avec des équipes plus légères Jim compte bien offrir une solution compétitive face à Amazon.
En tant que français
Il serait bon de se réveiller plutôt que de continuer à vivre sur un petit nuage. Et prendre conscience que, dans tous les classements qui nous concernent, la France n’est plus la 5ème puissance mondiale mais se classe le plus souvent entre la 15ème et la 25ème place. Ainsi 16ème place pour sa performance logistique, 19ème pour sa résilience, mais 70ème pour la liberté d’entreprendre et, pire, 173ème pour la pression fiscale. Trente deuxième en 2016 pour la compétitivité elle a perdu 6 place en 10 ans. France, réveille-toi !
En tant qu’européen
L’Europe doit cesser d’être une passoire en s’imposant des règlements ou des procédures qu’elle n’est pas capable d’imposer à ses partenaires commerciaux, en refusant l’existence des paradis fiscaux qui, comme le Luxembourg ou l’Irlande privilégient Amazon etc. etc.
Et malgré cela je continue à rester optimiste et à croire en une France, unie, responsable et généreuse.
NB Ce texte fut rédigé avant l’élection présidentielle. Depuis, à la suite de sa publication sur SC Magazine, des réactions positives sont venues conforter mon point de vue.