News de Chine : les 7 champions chinois
Il y a huit mois dans le numéro 108 de SCMag nous célébrions les 1307 champions cachés allemands, ces PME (Mittelstand) souvent familiales et centenaires qui avaient conquis les premières places dans le monde.
Avec la Chine, dans l’économie numérique, ce sont d’autres champions que nous pouvons célébrer mais contrairement à ces champions allemands, aux GAFA occidentaux (Google, Apple, Facebook, Amazon), les BATX chinois n’existaient pas il y a quinze ans mais les ont rattrapés ou sont déjà en train de les dépasser. Â Mais qui sont-ils ces champions ? Nous allons essayer d’y voir un peu plus clair. NB : Etant donnée l’opacité certaine des informations en valeur et en date qui nous viennent de Chine, tous les chiffres qui suivent ne sont qu’indicatifs et ne sauraient être repris dans une étude plus scientifique.
Tencent
Tencent peut paraître mystérieux pour beaucoup d’entre nous. Mais lorsque nous apprenons que dans sa gamme de produits il propose une combinaison de WhatsApp, Facebook, Apple Pay, Google News et Slack et qu’il s’agit de WeChat avec ses 900 millions d’utilisateurs mensuels on y regarde d’un peu plus près. We Chat n’est lui-même qu’une émanation du portail QQ.com, et Tencent le site des enchères PaiPai.com et de nombreux jeux en ligne.
Faut-il s’étonner que Tencent qui aurait une capitalisation boursière de près de 200 milliards de dollars dépass déjà Toyota (177) et vienne titiller Alibaba ?
Baidu
Quelquefois baptisé le Google chinois Baidu, qui avait aussi commencé par créer un moteur de recherche, peut revendiquer la 4ème place pour son nombre de visites derrièree Facebook, Youtube et (encore) Google. Se diversifiant à l’image de Google et allant même comme Amazon proposer la livraison de produits frais dans 60 villes chinoises, Baidu vécut une progression météorique. Mais, en 2016, il connut une année noire : un étudiant mort après avoir subi un traitement illégal dans un hôpital proposé par un lien sponsorisé de Baidu, des info-publicités présentes Illégalement dans des forums thématiques, le départ de nombreux cadres dirigeants et même, du jamais vu, une baisse du CA pendant un trimestre.  Baidu prit conscience qu’il fallait nettoyer les écuries d’Augias, surtout s’il voulait se donner une image de respectabilité internationale. Et pour cela il fit appel à un ancien VP de Microsoft, Qi Lu pour présider le Groupe et en être le CEO.
Mais c’est surtout dans le domaine de l’Intelligence Artificielle que Baidu veut marquer son empreinte. Avec une centaine d’ingénieurs dans la Silicon Valley, Baidu met sa plate-forme dédiée au véhicule autonome à la disposition d’autres acteurs de l’industrie, comme Mercedes, en open source.
Didi
Parrainé par Tencent et Alibaba, Didi (Chuxing), qui est le service de VTC le plus populaire en Chine, compterait 300 millions d’utilisateurs. Lorsqu’UBER voulut ajouter la Chine à son terrain de chasse, DiDi ne s’émut pas outre mesure et continua à dérouler son programme en travaillant aussi directement avec les chauffeurs de taxi en plus des opérateurs indépendants et en proposant même du covoiturage avec Didi Bus ! Après avoir perdu un milliard de dollars en 2015, Uber dut passer sous les fourches caudines de DiDi et lui céder Uber China. Aujourd’hui, Didi gère 14 millions de trajets par jour, soit 7 fois plus que ce que réalise Uber dans le monde entier ! Après un investissement de 1 milliard de dollars d’Apple en mai 2016. après avoir levé 7,3 milliards de dollars, ce qui le valorise à 28 milliards de dollars, DiDi semble être sur la bonne voie. (Voir aussi SC Mag N°°107).
JD.com
Moins connu à l’étranger que son concurrent chinois Alibaba, JD.com est pourtant l’un des trois plus gros sites de commerce sur la terre. Foin d’Amazon et d’Alibaba et de leur prétention à faire du moins cher à n’importe quel prix, (y compris en trompant les consommateurs (voir SC Mag 113), JD a décidé de s’adresser aux clients chinois qui privilégient la qualité et l’authenticité et peuvent acheter des produits des plus grandes marques internationales.
Allant plus loin, son fondateur Richard LIU (Qiangdong) a créé le portail « Espace France » pour vendre uniquement des produits français à ses 100 millions de clients. « Du vin, des bagages, des vêtements! ou du lait pour les bébés: les mères chinoises vont adorer », s’enthousiasmait-il lors de son séjour d’une semaine en France. Il propose des produits de grandes marques françaises comme L’Oréal ou Danone mais aussi donne sa chance à des plus petites entreprises comme DermEden, une PME qui vend des crêmes cosmétiques. Et, dans ce cadre JD.com, premier vendeur de vin en Chine, a notamment écoulé 10 millions de bouteilles de vin français en à peine un an.
Mécontent des déllais de livraison de ses fournisseurs et de leur fiabilité(70% des réclamations), JD.com a créé son propre service de distribution et offre une livraison à J+1 Ã 600 millions de ses clients chinois et J+2 aux autres.
Doublant son chiffre d’affaires chaque année, quand JD.com s’arrêtera t’il ?
Huawei
Contrairement aux précédents champions, Huawei est plus connu notamment par le nom qu’il porte sur ses smartphones et ses objets connectés. où Il s’y trouve en concurrence avec Apple et Samsung. Dans le B2B, Huawei est un fournisseur de solutions numériques en terminaux, réseaux et cloud, pour les opérateurs, entreprises et consommateurs. Ses produits et solutions sont déployés dans plus de 170 pays.  Avec des bureaux dans 100 pays et comptant 45 clients sur les 50 opérateurs de télécoms internationaux, Huawei est encore plus connu dans le B2B que dans le B2C. Et, ce que l’on sait moins, c’est qu’avec 3 898 dépôts de brevets en 2015 il prend la première place loin devant Qualcom, ZTE, et Samsung. (La France avec 8476 dépôts était le 5éme  pays derrière les USA, la Chine, La Corée et l’Allemagne).
Dans le temps, Huawei a fait l’objet de nombreuses critiques et controverses sur la propriété industrielle, le dumping la corruption et le travail des enfants, mais il semblerait qu’elles aient été progressivement prises en charge.
Xiaomi
Fondée en 2010, encore peu connue en dehors de la Chine, Xiaomi est considérée comme l’Apple asiatique. Sa gamme de produits grand public s’élargit continuellement puisqu’elle va des smartphones aux objets connectés, aux TV et même à l’électroménager. Elle s’appuie sur tous ses fans regroupés sous l’étiquette MI, (Mobile Intelligence) pour développer et améliorer ses produits. Son originalité repose sur une relation avec ses clients tellement forte que beaucoup de ses MI fans déjà contributeurs sont devenus salariés de Xiaomi. Avec 46 milliards de dollars Xiami est la 2èmee start-up la plus valorisée au monde derrière Uber.
Et le 7ème champion ?
Vous l’avez vu cité dans cet article et il n’est pas question de l’oublier. Mais comme nous voulions initialement l’opposer à Amazon, Alibaba, avec tous ses satellites, mérite un développement que nous vous proposons d’aborder dans un prochain SC Mag.